À la CAN 2021, l’une des forces des Comores reste le collectif. Sportivement, c’est un groupe qui se connait du bout des doigts avec des automatismes bien huilés. Une équipe équilibrée sans de véritables stars qui puise ses ressources sur l’abnégation et l’expérience de chacun.
Oncle et neveu, les Abdallah à la CAN 2021
Parmi les 28 joueurs retenus pour la première CAN de l’histoire des Comores, quatre en ont un lien familial. En sélection depuis 2007, Kassim Abdallah (34 ans) va vivre cette expérience en étant doublement fier. La fierté de pouvoir représenter son pays au Cameroun et la fierté d’y être avec son neveu Abdallah Ali Mohamed (22 ans). De plus que pour Kassim, c’est « l’heure de passer le flambeau à la jeune génération », disait-il, il y a quelques mois. Après la CAN 2021, le « doyen » a laissé sous-entendre qu’il pourrait mettre fin à sa carrière internationale.
« C’est la CAN de ma vie ». Le hasard fait que tous les deux évoluent pratiquement au même poste d’arrière droit. Seule l’expérience et surtout leur polyvalence le différencie à son neveu. L’oncle qui a connu la Ligue des Champions avec l’OM, évolue parfois dans l’axe tandis qu’Ali Mohamed peut évoluer un cran plus haut en tant qu’ailier. Chez les Abdallah, jouer pour les Comores est une question de fierté. Moubarak, 36 ans et aîné de Kassim, a aussi porté les couleurs des Cœlacanthes. Deux références qu’Ali Mohamed « espère les rendre fiers ».
Les frères Mchangama, à jamais les premiers
L’automne 2010 aura marqué d’une pierre blanche le renouveau des Cœlacanthes. Une deuxième vague de binationaux rejoignent l’équipe nationale dans l’optique de rehausser le niveau du groupe. Parmi eux, les frères Mohamed et Youssouf Mchangama. Ils évoluaient respectivement au Nîmes Olympiques (Ligue 2) et avec la réserve de Troyes dont l’équipe première jouait la Ligue 2. Des joueurs avec du potentiel qui ont cru et embrassé l’idée de bâtir de nouvelles fondations pour l’équipe nationale des Comores.
Douze ans plus tard, ils ont eu des parcours totalement différents. L’aîné Mohamed (34 ans) a depuis évolué dans des structures amateurs tandis que le cadet Youssouf (31 ans) a fait le chemin inverse en devenant un des meilleurs joueurs de Ligue 2 en France. Et encore une fois, parfois le hasard fait bien les choses. Après quelques années d’absence, Mohamed est rappelé en sélection en mars 2021 et a pu vivre la qualification historique des Comores pour la CAN. Fin décembre, il fait partie des 28 joueurs retenus par Amir Abdou pour la phase finale. À jamais unis par le même destin et le même rêve : celui d’une équipe comorienne ambitieuse et compétitive.
Les Cœlacanthes, une fratrie de tout horizon
Mais il n’y a pas que les liens familiaux dans cette équipe des Comores. Certains joueurs ont tissé une fraternité tout au long de leurs années en sélection. C’est le cas par exemple d’El Fardou Ben Mohamed et de Mohamed Youssouf, les Normands. Leur proximité date bien avant de rejoindre les Cœlacanthes. Ils se connaissent depuis 2007 à l’époque où tous deux évoluaient au Havre AC. Ils ont depuis connu un parcours similaire et presque simultané à Vannes OC et une aventure grecque au PAE Veria et à Levadiakos. Avec les Cœlacanthes tout comme dans la vie de tous les jours, ils se considèrent comme des « frères ».
Même analyse pour Faïz Selemani dont il affiche une très grande complicité avec Ben Salim Boina, Kassim Mdahoma et Ahmed Mogni. « Quand on vient en sélection, on se languit de se voir », déclarait en octobre l’ailier gauche de Courtrai. À cette période, la fédération venait d’annuler un stage des Cœlacanthes. Sa plus grande préoccupation ? « Dégouté bien sûr parce qu’on perd du temps pour se préparer pour la CAN mais surtout parce qu’on ne se voit pas. C’est ça ce qui est incroyable. On est tous des frères. Il n’y a pas de mauvaise concurrence. Tout le monde est là pour l’autre. »
De l’altruisme dans le groupe
Une bonne ambiance et un sens très poussé de l’intérêt collectif quitte à perdre sa place de titulaire. C’est le cas du gardien de but Ben Salim Boina qui a joué un rôle sur la venue en équipe nationale de Selemani et surtout d’Ali Ahamada. « J’ai tout fait pour qu’il vienne en sélection. Ce que l’on veut avant tout c’est de gagner et avancer », disait-il en parlant de son « frère » Ali, premier dans la hiérarchie depuis 2016. Et des cas pareils, il y en a plein chez les Cœlacanthes. Une fraternité et un esprit de groupe qui peuvent faire la différence à la CAN 2021.
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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.