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Cosporma de Houssalam Houdjati a organisé une semaine de détection aux Comores

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Détection de talents aux Comores : entretien avec Houssalam Houdjati

L’agence de conseil sportif Cosporma, en partenariat avec le Havre AC et La Gantoise, vient de conclure une semaine intense de détection de jeunes talents aux Comores.

Cette semaine, l’agence de conseil et de management sportif COSPORMA a clôturé un stage de détection de talents aux Comores. Accompagnée de Charafedine Benkerbich, recruteur du Havre AC, et de Harry Varley, recruteur de La Gantoise, l’équipe dirigée par Houssalam Houdjati a organisé un événement majeur pour le football local.

Depuis le début de ses activités en 2022, Cosporma s’engage à repérer et à accompagner les jeunes footballeurs à travers l’océan Indien, ayant à ce jour placé quatre jeunes en contrat dans des centres de formation en France (Brest, Guingamp, Le Havre et Istres). Dans cette interview exclusive, Houdjati et Benkerbich nous dévoilent les coulisses de cet événement sans précédent.

Pourriez-vous nous décrire brièvement votre agence et ses missions principales ?

Houssalam Houdjati (HH) : L’agence Cosporma est une agence de conseil et de management sportif basée dans l’océan Indien. Son objectif est de guider, conseiller et accompagner les jeunes sportifs à haut potentiel de la région, notamment à l’Île de La Réunion, à Mayotte et désormais aux Comores, avec l’espoir à moyen et long terme d’étendre ses actions à Madagascar et à Maurice également.

Le but est de guider, conseiller et accompagner les jeunes sportifs à potentiel, en leur offrant des opportunités pour progresser selon leurs chances, leur niveau et leurs limites. À travers notre agence, nous organisons des événements de détection pour mettre en lumière le football local, aujourd’hui le football comorien, permettant aux jeunes de se présenter devant des recruteurs de clubs professionnels en vue d’essais pour intégrer différents centres de formation.

Comment cette détection a-t-elle été planifiée en amont avant votre arrivée aux Comores ?

HH : L’idée de cet événement est née d’une suggestion d’Alyadine Ahamada, qui a proposé d’étendre les actions déjà entreprises à La Réunion et à Mayotte jusqu’aux Comores. Après réflexion et travail, cet événement a été mis en place, avec le soutien de la ligue de Ngazidja et des efforts d’Alyadine. Le soutien de Hassane de « Que des marques » a également été précieux pour la centralisation des informations des joueurs, facilitant ainsi le traitement des données à distance.

Sur le terrain, comment cela s’est-il traduit et combien de jeunes y ont pris part ?

HH : Une équipe de coachs de Mitsamihuli a accueilli et épaulé l’équipe dans le cadre du déroulement de la détection, facilitant ainsi le bon déroulement du processus. La détection s’est déroulée en deux phases, supervisées par des recruteurs de La Gantoise et du Havre. Concernant le nombre de jeunes participants, nous avons enregistré 630 inscriptions à « Que des marques ». Cependant, par souci de communication et pour ne pas pénaliser ceux qui n’avaient peut-être pas reçu l’information dans les meilleures conditions, nous avons accepté tous les participants, même ceux non inscrits. Cela a porté le total des participants à 813.

Vous avez reçu la visite du ministre des sports, Djaanfar Salim Allaoui. Que vous a-t-il dit ?

HH : Sa visite a été appréciée. Il a adressé ses salutations et encouragements aux jeunes participants, ainsi qu’à l’équipe organisatrice, et a assuré son soutien pour cet événement et au-delà. Par la suite, il a invité l’équipe à discuter de ses projets de développement dans la région. Il nous a encouragé à renouveler cet événement à Ngazidja, mais aussi à Ndzuani et Mwali.

Visite du Ministre des Sports, Djaanfar Salim Allaoui, à la détection organisée par Cosporma à Mitsamihuli.
Visite du Ministre des Sports, Djaanfar Salim Allaoui, à la détection à Mitsamihuli.
On a remarqué des joueurs de différents âges lors de la détection. Quelle était la catégorie d’âge précise que vous cibliez lors de cet événement ?

HH : Aujourd’hui, toutes les catégories nous intéressaient, car étant donné qu’il s’agissait d’un premier événement sur le territoire, notre objectif était d’observer chacune et d’évaluer le niveau présent dans les différentes tranches d’âge. Après observation, nous avons noté des points forts dans certaines catégories et des aspects à améliorer dans d’autres. Cela nous a permis, à la fin, de mener des expertises et de réfléchir à l’organisation des prochaines éditions. Nous envisageons évidemment de réduire certaines catégories et d’en introduire de nouvelles. Pour une première édition, il était important de nous forger notre propre opinion sur le niveau global.

Y a-t-il des joueurs qui se sont démarqués lors de cette détection ?

HH : Quelques jeunes ont été retenus, mais nous ne souhaitons pas divulguer leur nombre pour le moment. Nous prévoyons de communiquer sur leur identité, leur club, et même leur village d’origine sur nos réseaux sociaux une fois qu’ils seront en période d’essai.

Quelles étaient vos appréhensions concernant le niveau du football aux Comores avant cet événement ?

Charafedine Benkerbich (CB), recruteur du Havre AC : Par rapport au niveau global du football aux Comores et surtout par rapport à ce que l’on a pu voir cette semaine, il y a eu différentes perceptions. Dès l’invitation de Cosporma et des garçons sur le territoire, on a tenté d’observer ce qui se passait aux Comores, mais nous manquions d’une vision globale en raison du manque d’images et de vidéos. Ainsi, nous avions des préjugés sur le niveau, en anticipant également concernant les infrastructures, l’encadrement, la compétence.

Nous pensions que les joueurs seraient plutôt bruts, aimant jouer au football dans les rues dans des conditions non optimales pour leur performance. Cependant, au fil des détections et de l’opportunité d’assister à un match de première division comorienne, nous avons remarqué des choses intéressantes, des individualités qui se démarquaient et des profils qui pourraient être exploités avec une bonne prise en charge et la mise en place de structures.

Il y a donc un énorme travail à faire ?

CB : Si des initiatives telles que Cosporma et celles des garçons perdurent sur plusieurs années, cela offre la possibilité aux recruteurs d’observer les améliorations et l’implication des joueurs dans le football comorien et dans leur propre développement. En concluant cette expérience et en rentrant en France, j’ai vraiment eu une autre perception du football comorien : il est destiné à progresser et à être structuré pour bénéficier d’une véritable visibilité, car il possède de belles qualités. Avec les moyens et les opportunités adéquats, un bel avenir peut se dessiner pour le football aux Comores.

Un groupe de jeunes participants à la détection au stade de Mitsamihuli.
Un groupe de jeunes participants à la détection au stade de Mitsamihuli.
Sur un plan purement sportif, qu’est-ce qui manque encore aux jeunes footballeurs comoriens ?

CB : Concernant les manquements individuels des joueurs, le plus criant pour moi, c’est tactique. Tactique parce qu’il y a des situations où, par exemple, les défenseurs ont une incapacité à bien gérer la profondeur, à bien suivre les décrochages, à s’adapter par rapport à une ligne défensive. Quand faut-il reculer ? Quand faut-il monter ? Ou quand faut-il bien défendre la surface ? Où faut-il défendre dans la surface ? C’est déjà la première des choses.

Techniquement, il manque une justesse technique, je trouve. Dans l’ensemble, une bonne passe, c’est généralement mal exécuté, le jeu long, ce sont généralement soit des grosses frappes qui sont déclenchées par un coup de pied, ou sinon ce sont des frappes flottantes, ou alors ce sont des ballons un peu en cloche mis au hasard. La justesse technique sous pression, là où je pense qu’il y a place à amélioration grâce à beaucoup d’exercices à répétition et des procédés itératifs. Et après, pour moi, c’est aussi l’aspect physique.

Malgré que ça soit, on va dire, le point fort de l’ensemble des joueurs, mais si on prend l’aspect nutritionnel, où les enfants ont potentiellement un repas par jour, et en plus de ça, il n’y a pas de travail physique qui est mis en place, sur l’endurance, sur la puissance, et là-dessus je pense que c’est un point qui peut être important. Après, sur le côté mental aussi, je me suis rendu compte que ce sont des enfants qui ont besoin d’être dans leur petit cocon, et qui jouent au football pour prendre du plaisir, et pas pour quelque chose où ils peuvent voir un avenir.

Un dernier mot ?

CB : Je pense, et j’espère que ce genre d’événement « Cosporma », que Houssalam et Aly ont mis en place, va être quelque chose qui va permettre au football comorien de prendre en considération que le football, c’est une porte de sortie, c’est une possibilité de voir un avenir, et c’est une possibilité de prendre ce domaine au sérieux, pour quelque chose qui peut amener un avenir radieux au pays et aux enfants eux-mêmes.

Propos recueillis par Boina Houssamdine.

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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.

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