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Comores des Cœlacanthes

Mémoires des Cœlacanthes

Cœlacanthes, la genèse : la longue marche vers la CAN – [Partie III]

Qualifiées pour la première fois en phase finale de Coupe d’Afrique des Nations, les Comores ont franchi un palier important de leur histoire.

Menés par le sélectionneur Amir Abdou, les Cœlacanthes ont écrit d’une encre indélébile la plus belle histoire à ce jour du football comorien. Une équipe en constante progression qui ne s’est pas construite en un jour. L’occasion de retracer son histoire : ses péripéties, ses performances et ses exploits.

Un regain de renaissance

À l’abandon depuis le forfait pour les éliminatoires de la CAN 2013, les Cœlacanthes se retrouvent sans compétitions et sans staff technique. Le sélectionneur Ali Mbae Camara a jeté l’éponge en décembre 2012 après le tour préliminaire des éliminatoires du CHAN 2014. Mais à Moroni-Oasis, siège de la fédération, tout est mis en œuvre pour remettre sur pied l’équipe nationale. En premier lieu, trouver un sélectionneur.

Une mission confiée à trois personnes gravitant autour de l’équipe nationale depuis quelques années : Adrami Sahala (depuis 2007), Alyadine Ahamada (depuis 2010) et Ben Amir Saadi (depuis 2011). Ils ont aussi pour mission de rassembler tous les joueurs issus de la diaspora comorienne autour d’un nouveau projet ambitieux. Le tout avant le début des éliminatoires de la CAN 2015.

Entre temps, un amendement a été voté lors de son Assemblée Générale du 31 janvier 2015 pour changer le sigle de la fédération. Ceci après une revendication du Cap-Vert auprès de la FIFA sur l’utilisation du sigle « FCF ». La Fédération Comorienne de Football devient alors Fédération de Football des Comores (FFC) et se dote aussi pour l’occasion d’un nouveau logo (la troisième version de l’histoire).

À Moroni-Oasis, le patriarche Salim Tourqui devenu Président de l’UFFOI (Union des Fédérations de Football de l’Océan Indien), continue de recevoir les présidents des hautes institutions du football mondial. Après la visite de Sepp Blatter (FIFA) en mars 2010, vient le tour d’Issa Hayatou (CAF) en juin 2013 puis enfin Michel Platini (UEFA) en avril 2015. L’objectif affiché est de les faire découvrir les potentialités des Comores et bénéficier de financements dans des projets de développement.

Le renouveau avec Amir Abdou

Amir Abdou, le 18 mai 2014 au Nyayo National Stadium après la défaite des Comores contre le Kenya

En juin 2011 avant le match contre la Libye, une rencontre opportune s’est faite dans l’avion ramenant les joueurs binationaux à Moroni. Alyadine Ahamada qui avait le rôle de manager des Cœlacanthes depuis 2010, fait connaissance avec un certain Amiredine Abdou (Amir). Un entraîneur comorien ayant en charge la réserve du SU Agen en Lot-et-Garonne (France). La démission de Camara et la perspective de relancer l’équipe nationale poussent Alyadine en 2013 à reprendre contact avec Amir Abdou en lui proposant le poste.

Après des échanges fructueux et l’implication des uns et des autres, le dossier est présenté au Comité exécutif de la fédération qui le valide avec la nomination d’Amir Abdou comme sélectionneur des Cœlacanthes en janvier 2014. À sa nomination, Amir Abdou était encore entraîneur de l’Entente Golfech-Saint-Paul en DH (D6 Française). À peine en place, Amir s’appuie sur Adrami Sahala qui connait très bien la diaspora comorienne de Marseille et d’Alyadine Ahamada qui est aussi agent de joueurs pour préparer un rassemblement au mois de mars. Ce dernier est à l’origine de l’arrivée en sélection de plusieurs binationaux.

Ils vont aussi jouer un grand rôle ces premiers mois pour convaincre certains joueurs professionnels à rejoindre le projet. Le nouveau sélectionneur compte aussi sur Ben Amir Saadi, journaliste et responsable Europe de la FFC, qui a aussi accompagné le processus aboutissant à sa nomination. Et pour une première, les Cœlacanthes, version Amir Abdou, feront face en amical au Burkina Faso, vice-champion d’Afrique 2013, le 5 mars 2014 à Martigues.

Burkina Faso, premier test grandeur nature

El Fardou Ben Mohamed face à Charles Kaboré le 5 mars 2014 © C. Japavaire

Une rencontre qui marquera l’arrivée de la troisième vague de binationaux à l’instar de Chaker Alhadhur (FC Nantes), El Fardou Ben Mohamed (PAE Veria) ou de Fouad Bachirou (Greenock Morton) déjà professionnels. Face aux Burkinabé, les Cœlacanthes livrent un match exceptionnel haut en couleurs. Le match s’est soldé par un score de parité (1-1) mais avec des Cœlacanthes qui méritaient plus qu’un match nul. Un premier test réussi pour les hommes d’Amir Abdou qui s’apprêtaient à aborder deux mois plus tard les éliminatoires de la CAN 2015 avec beaucoup d’espoirs. Mais l’aventure s’arrête net au premier tour préliminaire face au Kenya après une défaite 1-0 à Nairobi et un nul 1-1 au match retour à Mitsamiouli.

L’apprentissage continue l’année suivante avec la campagne pour les éliminatoires de la CAN 2017. Cette fois pas de préliminaires pour les Comores. Les Cœlacanthes entrent directement en phase de groupes dès juin 2015 en compagnie du Botswana, Burkina Faso et de l’Ouganda. Des débuts difficiles où les Comoriens vont perdre leurs deux premiers matchs contre le Burkina Faso (2-0) et l’Ouganda (0-1).

Le projet sera mis à l’épreuve à la prochaine rencontre à domicile contre le Lesotho au premier tour préliminaire des éliminatoires de la Coupe du Monde 2018. De nombreux joueurs cadres étaient forfaits pour blessures durant cette fenêtre internationale. Le match se solde par un score nul et vierge avec derrière des supporters visiblement remontés depuis la défaite contre l’Ouganda en septembre à Mitsamiouli. A cette période, l’on reproche à Amir Abdou de mener un jeu défensif qui met l’équipe en difficulté.

De la période de doute au match référence contre le Ghana

Ce jeu très défensif, Amir Abdou le reconnaîtra plus tard comme étant sa stratégie de départ pour mettre en place un bloc défensif bien solide. Force est de constaté que durant ces deux premières années, la priorité était bien d’avoir une équipe qui sait bien défendre. Sous la pression et dans des conditions de voyage très délicates, les Cœlacanthes parviennent à arracher un nul 1-1 précieux à Maseru contre le Lesotho. Un résultat synonyme de qualification pour le deuxième tour qualificatif où les Comores devront faire face au Ghana.

Quart finaliste du Mondial 2010 et finaliste de la CAN 2015. La première fois de l’histoire que les Comores accédaient à un second palier d’un tour qualificatif. Sous l’émotion, Ibrahim Rachidi capitaine pour l’occasion qualifia ce match comme étant « la plus belle victoire » qu’ils ont eu dans leurs vies. Avec cette qualification au deuxième tour, le projet « Cœlacanthes » d’Amir Abdou relève un premier défi et le technicien comorien peut enfin souffler. Face aux Blacks Stars de Gyan et les frères Ayew, les Cœlacanthes ne se faisaient pas beaucoup d’histoires.

Ibrahim Rachidi en duel face à Asamoah Gyan le 17 novembre 2015 au Baba Yara Stadium

Mais comme le dit Kassim Abdallah, « pour exister, il fallait faire tomber un grand ». Les Comoriens misent tout au match aller du 15 novembre 2015 pour rendre une copie parfaite. Une approche et un état d’esprit qui s’est avéré payant (score finale 0-0). Les Comores maîtrisent parfaitement la rencontre et ont failli l’emporter si l’arbitre zimbabwéen Norman Matemera n’avait pas refusé le but, bien valide, d’Ali Mmadi à neuf minutes de la fin de la rencontre. Que ce soit au niveau technique que tactique, ce match joué sans complexe a donné un regain de confiance aux Cœlacanthes et a forgé leur état d’esprit. Ils avaient pris conscience qu’ils pouvaient faire mieux face aux grandes nations africaines.

Des éliminatoires de la CAN 2019 à la consécration

Un élan qui va se poursuivre quatre mois plus tard, le 24 mars 2016 à domicile, avec la première victoire des Comores en compétitions africaines face au Botswana. À l’occasion de la 3è journée des éliminatoires de la CAN 2017. La première victoire aussi d’Amir Abdou depuis sa prise de fonction. Ce seront les seuls points des Comores durant cette campagne qui a clôturé deux années de découverte et surtout d’apprentissage. Et pour bonifier le projet, le sélectionneur et son staff technique mettent alors en place un programme de matchs amicaux pour consolider le groupe. Un groupe qui va être progressivement renforcé avec de nouveaux professionnels et surtout avec un fort accent de jeunesse.

Célébration du deuxième but d’El Fardou Ben Mohamed face au Maroc le 16 octobre 2018 à Mitsamiouli

Les Cœlacanthes franchiront un palier important lors des éliminatoires de la CAN 2019. Logées dans un groupe assez relevé avec le Maroc, Cameroun et le Malawi, les Comores manqueront de peu pour décrocher une qualification historique. Les coéquipiers de Nadjim Abdou tiennent tête les deux Lions du groupe et signent une victoire contre le Malawi. Si près du but en 2019 et avec toute l’expérience acquise, les Comores abordent les éliminatoires de la CAN 2021 avec beaucoup de maturité.

Match après match, les Cœlacanthes, invincibles, se rapprochent peu à peu de Yaoundé jusqu’à ce 25 mars 2021 où ils assurent définitivement leur ticket pour la phase finale après un match nul contre le Togo (0-0). Avec 8 points au compteur et dans une position à aller disputer au Caire une première place de groupe avec l’Égypte. Sept fois champions d’Afrique avec 24 participations à la CAN et 3 participations à la Coupe du Monde.

Bilan des campagnes qualificatives des Comores pour la CAN

  • Éliminatoires CAN 2012 : 4è du Groupe C avec 1 point
  • Éliminatoires CAN 2013 : forfait pour des raisons financières
  • Éliminatoires CAN 2015 : éliminés au premier tour contre le Kenya (1-0 & 1-1)
  • Éliminatoires CAN 2017 : 4è du Groupe D avec 3 points
  • Éliminatoires CAN 2019 : 4è du Groupe B avec 5 points
  • Éliminatoires CAN 2021 : 2è du Groupe G avec 9 points (Qualification).

Historique des rencontres de l’Équipe A

Matchs des Cœlacanthes A de 2014 à 2021

DateLocalHeure/RésultatVisiteurLieu

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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.

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