Jusqu’à janvier dernier, Khaled Simba, à l’époque jeune joueur de Flèche Rapide, gardait encore un secret lourd à porter. Il y a 22 ans, il a été victime à 14 ans de viol et d’agression sexuelle de la part de son oncle et entraîneur Youssouf Ahamada Bachirou dit « Dakota ». Son témoignage sur les réseaux sociaux a permis de libérer la parole.
« J’ai essayé d’avancer dans ma vie pour devenir l’homme que je suis aujourd’hui. Ce qui s’est passé il y a vingt-deux ans a failli me coûter la vie. C’était si près de me détruire pour toujours. C’est encore difficile à dire aujourd’hui » déclare Khaled au journaliste Romain Molina dans son enquête pour le magazine Josimar. « Si j’avais parlé avant, peut-être que ça aurait pu sauver des enfants. C’est pourquoi je parle publiquement maintenant », poursuit-il.
Une dizaine de victimes connues à ce jour
L’enquête révèle qu’il n’était pas la seule victime de Dakota. D’autres jeunes ont subi l’inimaginable de la part de « Fundi Dakota ». À Mitsudjé dont Youssouf Ahamada Bachirou est originaire, ses agissements étaient un secret de polichinelle. De la JACM à Élan Club en passant par l’Université des Comores, nombreux sont les jeunes, parfois mineurs, dont il aurait abusé. Certains ont fait part de leurs douloureuses expériences dans l’enquête concernant l’ancien DTN de la FFC. C’est le cas d’Ahmed Radji.
« Il a eu le courage de parler de sa propre expérience, alors j’ai pensé qu’il était temps de raconter la mienne. C’est arrivé il y a presque vingt ans, j’avais 17 ans et j’étudiais au lycée», se rappelle encore Ahmed. Il expliquera plus tard comment Dakota installait un climat de confiance avec les jeunes avant d’abuser d’eux. À ce jour, quatre plaintes ont été déposées. « Les plaintes ont été transmises en France au tribunal de Bobigny et aux Comores au tribunal de Moroni. Nous sommes également en pourparlers avec onze autres garçons. Quatre vivent en France, sept aux Comores », affirme Me Moudjahidi Abdoulbastoi, avocat au barreau de Moroni.
Dakota, un cas parmi tant d’autres
Le cas Youssouf Ahamada Bachirou n’est cependant pas isolé. D’autres entraîneurs et responsables d’équipes sont soupçonnés des mêmes faits. Chez les garçons tout comme dans les équipes féminines. La culture du viol qui consiste à culpabiliser les victimes ainsi que les bras longs des agresseurs empêchent encore une libération totale de la parole. La justice comorienne ne se montre pas non plus à la hauteur. Pour le cas Dakota, un simulacre de conférence de presse de certains de ses collègues entraîneurs avaient été tenue pour « témoigner de son exemplarité ». Preuve que le combat contre la pédophilie et les agressions sexuelles aux Comores est encore long.
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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.
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moinad'ici
24 février 2022 at 11h33
C’est triste de savoir que cela arrive dans notre communauté mais c’est bien que nos médias en parle afin d’encourager les potentiels victimes à parler et continuer de dénoncer ce genre de personnes.