
Évoluant au RKC Waalwijk en Jupiler League (D2 Pays-Bas) et passé par plusieurs clubs en France et en Belgique, Saïd Bakari (23 ans) réalise des bonnes performances en club qui lui ont permis de faire ses débuts en sélection. Nous nous sommes entretenus avec ce jeune formé au FC Bourget passé par le PSG, Red Star et Chantilly en jeune puis à Turnhout, Bonchamp et Namur.
Vous êtes arrivé au RKC Waalwijk l’été dernier après une saison avec Namur en Belgique, comment s’est passé votre intégration au sein du club ?
Elle s’est passée tout naturellement. Je suis arrivé en juillet, c’était la reprise, j’ai dû m’adapter. Comme c’est un nouveau pays et tout le monde m’a mis alaise dans le groupe. J’avais un peu de mal avec la barrière de la langue mais au bout de deux, trois semaines ça se passait de mieux en mieux, je comprenais presque tout ce que l’entraîneur me disait. On m’a mis plutôt à l’aise et c’était bon. Ce n’était pas ma première expérience à l’étranger donc je sais comment faire pour m’adapter à un groupe.

Finir la saison en Belgique avec Namur et se retrouver aux Pays-Bas, comment êtes-vous arrivé à Waalwjik ?
En fait, j’ai un ami qui jouait avec moi en Belgique (à Turnhout) et qui m’a mis en contact avec un agent qui m’a vu jouer. Il a trouvé que c’était une bonne opportunité de jouer aux Pays-Bas et de pouvoir signer mon premier contrat professionnel. Il m’a présenté au club et j’ai eu à passer un test avant les vacances puis ils m’ont appelé pour signer pour la nouvelle saison.
« Il a fallu changer de pays pour pouvoir grandir »
Vous aviez une idée du football néerlandais, du championnat auquel vous allez plus tard évoluer ?
C’est vrai que les Pays-Bas c’est beaucoup l’inconnu pour la France et les autres pays. Personnellement, j’avais joué avec mon ancien club belge contre deux clubs néerlandais. Leur football m’avait plu. Sinon, je connaissais la première division mais je n’avais pas beaucoup d’informations sur la deuxième. C’est quand même un championnat qui produit du bon football et il y a des bons joueurs. Je me suis un peu intéressé davantage une fois que le club m’a contacté. Je pense aujourd’hui que c’était la bonne décision.
A 23 ans maintenant, vous êtes quand-même passé par plusieurs clubs, surtout en jeune. Comment expliquer tous ces mouvements ?
Je cherchais l’opportunité pour pouvoir me montrer. C’est sûr qu’en France c’ n’est pas facile car il y a vraiment beaucoup de joueurs. J’ai donc essayé de chercher une équipe où je pourrai jouer dans un meilleur niveau en France chez les jeunes. A mes 18 ans, j’ai tenté ma chance à l’étranger pour pouvoir intégrer le monde professionnel et avoir plus de chance de réussir. J’aime bien les défis. C’était surtout pour acquérir de l’expérience.
Qu’est-ce qui vous avez manqué pour réussir votre carrière en France ?
Bon, Je ne sais pas. Je pense que j’avais déjà un petit problème physiquement. Assez maigre et de petite taille. J’ai pourtant tout fait pour réussir ma carrière en France. Mais comme je l’ai dit, il y a énormément de joueurs en France. Il a fallu changer de pays pour pouvoir grandir et être autonome. Pour moi, je pense que c’était la bonne chose à faire.
Et vous avez pris la direction de la Belgique, comment vous avez trouvé le football belge ?
C’est un football assez physique. Il y a beaucoup de contacts, pas trop de jeu. Pendant mes deux années à Turnhout, ça m’a permis de mieux m’améliorer physiquement et être résistant dans les duels.
Au bout de deux saisons, vous êtes pourtant retourné en France…
La Belgique m’avait plu. J’étais en 3ème division, c’est quand même proche de la D1. Un bon championnat, relevé. C’était pour acquérir de l’expérience et m’habituer au plus haut niveau. Après, mon retour en France, c’est juste que ça devenait un peu difficile en club. J’ai préféré retourner à Bonchamps pour plus de temps de jeu.
« Cela faisait longtemps que j’attendais ce but »
Revenons sur la saison en cours en Jupiler League. Comment ce sont passés vos débuts avec Waalwijk ?
Quand je suis arrivé, j’étais bien sûr un peu excité mais un peu réservé. J’ai trouvé tout un groupe professionnel. C’était un peu nouveau pour moi. Mais tout naturellement quand les premières semaines se sont passées, sur le terrain il faut montrer de quoi on est capable. Ma première semaine s’est bien passée et j’ai pu faire mes premières minutes en match de préparation. Ensuite, le coach a vu qu’il peut compter sur moi et il a fait appel à moi dès les premiers matchs en championnat.
Vous avez enchaîné les matchs en tant que titulaire et il a fallu attendre octobre pour inscrire votre premier but sous vos nouvelles couleurs. D’abord un doublé en coupe puis quelques jours plus tard en championnat. Vous attendiez ce moment ?
C’est vrai que j’ai marqué en coupe avant de le faire en championnat. Cela faisait longtemps que j’attendais ce but. J’étais vraiment heureux de marquer. En plus inscrire directement un doublé, j’étais vraiment content et fier. Je pense que tout le monde était fier que ce soit ma famille ou ceux qui me suivent au pays et tous ceux qui sont derrière mois. C’était une satisfaction et une libération pour tout le monde.
Cela vous a donné plus de confiance certainement
Bien sûr, je pense que deux semaines plus tard j’ai encore marqué. Evidemment, ça m’a permis de prendre confiance et de me libérer un peu plus. Je savais que ça allait venir et j’espère que je vais en marquer plein d’autres.
Quelques semaines avant, vous avez fait vos premiers pas en sélection. Cela a été quand-même une première partie de saison très riche
Bien sûr, ça se passe plutôt bien. La première partie de la saison s’est super bien passée pour moi. Malgré nos résultats un peu dur ces temps-ci, ça m’a permis de faire mes preuves et m’ont ouvert la porte de la sélection. Avec elle, j’ai été appelé deux fois et on a fait des bons résultats. J’espère que ça va continuer comme çà jusqu’à la fin de la saison.
« C’est une grande fierté de représenter les Comores »
Comment vous avez appris votre sélection, il y a eu des échanges avec sélectionneur avant ?
J’avais d’abord eu la fédération avant. On m’a dit que l’on me suivait pour la sélection et que ça allait passer avec les performances en club. Une fois que j’ai enchaîné les matchs, j’ai eu un appel du coach qui m’a dit qu’il suivait mes performances, que c’est intéressant pour l’équipe nationale et que naturellement j’allais être appelé pour le prochain stage en Tunisie (amical contre la Mauritanie 6 octobre 2017). Le stage s’est bien passé avec une victoire (1-0) puis je suis encore rappelé pour le stage contre Madagascar (1-1) en novembre.
Qu’est ce que ça représente pour vous de jouer pour les Comores ?
C’est une grande fierté de représenter les Comores. Mes parents sont nés là-bas et j’y allais souvent avant. Il faut savoir que je suis les matchs de la sélection depuis longtemps et surtout après le match contre la Libye (juin 2011). Ça faisait un moment que je voulais intégrer l’équipe nationale. Une sélection qui compte des joueurs de très haut niveau. Il fallait que je passe d’abord par le monde professionnel pour pouvoir y accéder. Je sais aussi qu’il y a beaucoup d’engouement autour de cette sélection. Et pour moi, c’est une grande fierté de porter ce maillot et j’espère que je pourrai le porter jusqu’à la fin de ma carrière.
Comment décrivez-vous le vestiaire des Cœlacanthes ?
Franchement, c’est un super groupe. Il n’y a que des bons mecs et de bons joueurs. Jouer avec des joueurs de talents t’apporte beaucoup de choses. J’ai essayé de montrer le maximum et prouver que je peux avoir ma place dans le groupe. Il y a de la qualité. Avec des joueurs pareils, on ne peut qu’évoluer.
Dans un groupe relevé avec des équipes comme le Maroc et le Cameroun, pensez-vous qu’il y a des chances de se qualifier pour la CAN 2019 ?
Moi je pense que tout est possible dans le football. Les résultats qu’on a pu faire précédemment contre le Ghana, le Togo et le Gabon ou contre Madagascar sont intéressants. Il y a un groupe de qualité. Mais je pense qu’on doit faire beaucoup plus avec le groupe qu’on a pour pouvoir se qualifier.
Vous êtes bien sûr au courant de la crise entre l’équipe nationale avec la fédération et l’Etat. Quelle est votre réaction par rapport à cela ?
On en avait un peu réfléchi lors du dernier stage (en novembre). Ensuite, le manager nous a contacté pour nous faire part de la situation et je pense que c’était la bonne décision à prendre pour que l’Etat prenne conscience que dans ce groupe il y a un moyen de faire quelque chose. Si l’on ne nous aide pas, cela va être difficile pour nous joueurs et le staff. Cela fait vraiment mal d’en arriver là pour le pays, les supporters et pour nous les joueurs aussi car on est les premiers concernés.
Revenons de nouveau en club, vous avez en décembre dernier prolongé pour deux ans votre contrat avec Waalwijik. Vous aviez initialement signé pour combien d’années ?
Au début j’avais signé pour un an. Ensuite avec les performances et mes convocations en sélection ont fait que le club m’a fait une proposition pour que je puisse prolonger mon contrat.
« J’ai montré ce que je valais… Je ne m’inquiète pas. Je sais que mon tour va arriver »
Ces dernières journées, le club enregistre une série de défaites et vous manquez aussi un temps de jeu. Comment gérez-vous tout cela ?
Depuis la repris, on a eu un changement de coach. Au début, on visait les dix premières places pour disputer les play-offs mais maintenant le club traverse une série de résultats négatifs. Certes, sur les trois, quatre derniers matchs je n’ai pris part que dans une seule rencontre mais je pense que ça va venir. Il faut être patient. J’ai montré ce que je valais dans la première partie de saison, je ne m’inquiète pas. Je sais que mon tour va arriver. Je continue de travailler et attendre le moment que le coach va faire appel à moi, de saisir ma chance et garder ma place jusqu’à la fin de la saison.
Quels sont les objectifs du club et aussi les vôtres cette saison ?
L’objectif du club c’est d’arriver en play-off, se retrouver au moins à la 10è place. Il nous faudra faire une série de victoires pour y arriver. Je pense qu’on a la capacité de le faire. Personnellement j’espère arriver dans une dizaine de buts et pour pouvoir être rappelé en sélection.
Qu’est-ce que l’on peut vous souhaiter de bon pour cette saison et à l’avenir ?
Déjà que je puisse continuer dans ce niveau-là en club et être toujours appelé en sélection. Que celle-ci grandisse et que tous ces soucis avec la fédération et l’Etat s’arrangent. Que l’on puisse tous aller en avant et se qualifier pour la prochaine CAN.
Propos recueillis par Boina Houssamdine
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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.

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