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Mohamed Bouhari Abdoul Karim, sélectionneur de l''Équipe A' des Comores
Mohamed Bouhari Abdoul Karim, sélectionneur des Cœlacanthes A'.

Equipe A'

« Je navigue à vue » – Mohamed Bouhari demande un soutien accru pour son équipe

Dans cette interview exclusive, Mohamed Bouhari évoque les défis auxquels son équipe est confrontée pour préparer les prochaines échéances telles que la Cosafa Cup, les JIOI 2023 et les éliminatoires du CHAN 2024.

Nommé en juin 2022 à la tête des Cœlacanthes A’, Mohamed Bouhari doit faire face à une année 2023 très chargée avec la participation à trois compétitions majeures. Dans cette interview exclusive avec « Comoros Football 269 », le technicien aborde les défis auxquels son équipe fait face. Il s’inquiète du manque de temps et de moyens pour préparer les échéances à venir.

À votre nomination en juin 2022, vous n’aviez pas eu suffisamment de temps pour mettre en place une équipe en bonne et due forme. Avez-vous, cette fois-ci, l’assurance de bénéficier de moyens et de temps adéquats afin de préparer les échéances à venir ?

Mohamed Bouhari : Comme vous l’avez si justement souligné, l’année dernière a été particulièrement difficile. Nous n’avions pas seulement manqué de temps pour nous préparer, mais nous avions également dû nous entraîner avec neuf joueurs jusqu’à la veille de notre départ. Il avait fallu attendre avant de finalement réussir à rassembler toute l’équipe qui était coincée à Mwali en raison de la phase nationale du championnat. Malheureusement, je crains que cela ne se reproduise cette année.

En ce qui concerne la préparation, jusqu’à présent, rien ne m’a été garanti. J’ai eu une brève discussion avec la direction technique nationale afin d’élaborer un planning, étant donné les défis géographiques auxquels nous sommes confrontés pour organiser des regroupements. Nous devons être en mesure de savoir quels joueurs ont perdu en efficacité, qui se sont blessés, qui ont progressé. Cependant, cela s’avère difficile. Pour l’instant, je n’ai aucune information sur ces joueurs-là, excepté ceux qui sont à Mwali. Malgré cela, j’essaie de communiquer régulièrement avec l’entraîneur adjoint et le préparateur physique, qui, Dieu merci, sont respectivement à Ndzuani et à Ngazidja. Mais cela n’est pas suffisant.

La Cosafa Cup arrive très rapidement fin mai. Comment prévoyez-vous de vous préparer pour cette compétition ?

On nous avait promis une préparation avec des matchs amicaux, étant donné que la Fédération était plus que satisfaite de nos résultats au CHAN et au Cosafa. Cependant, ces matchs n’ont jamais eu lieu, sans doute en raison de moyens financiers limités. Nous avons tout de même essayé d’interpeller les autorités pour leur faire comprendre l’importance de ces matchs. Aujourd’hui, le tournoi approche à grands pas et malgré cela, rien ne semble bouger. Bien que nous soyons fiers de représenter les Comores, tous les techniciens savent pertinemment que la préparation est la clé du succès.

À l’heure actuelle, j’attends de savoir si le programme que nous avons proposé à la direction technique sera mis en place. Nous espérons bénéficier d’une petite détection des joueurs afin d’établir un diagnostic précis de leur condition physique après la trêve du mois du Ramadan. Pour le moment, je navigue à vue. Toutefois, je compte tout de même essayer, dans les prochains jours, de voir ce que nous pouvons faire pour bénéficier d’au moins deux semaines de préparation.

Comme vous l’avez évoqué au début, la compétition coïncide encore paradoxalement avec la Phase Nationale du championnat. Comment allez-vous gérer cette situation particulière ?

Tout d’abord, il s’agit d’une erreur qui ne devrait pas se reproduire. Normalement, au niveau de l’administration, un calendrier des compétitions internationales auxquelles nous prendrons part devrait être établi chaque année. Cela nous permettrait de programmer nos compétitions locales de manière à éviter les conflits de dates. Pour moi, la priorité doit être accordée au Cosafa. Il est impératif de terminer au plus vite le championnat afin de superviser les joueurs pendant la phase nationale et d’avoir ces derniers à notre disposition pour le regroupement le plus tôt possible.

Estimez-vous disposer du soutien adéquat pour mener à bien votre mission ?

Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de rappeler que les sélectionneurs locaux ne disposent pas des moyens adéquats. Il est incompréhensible que, jusqu’à présent, nous n’ayons pas compris que nous pouvons faire quelque chose avec les joueurs locaux. Ibroihim Youssouf, qui est un pur produit local, en est le parfait exemple. Si nous disposions d’une préparation adéquate à chaque fois, nous pourrions construire un projet à long terme avec des objectifs clairs et mesurables, tels que les Jeux des Îles. Mon objectif est que cette équipe et ces joueurs soient respectés. Ce sont eux qui nous donnent envie de passer nos week-ends sur le terrain.

En évoquant le championnat local, quelles mesures faudrait-il mettre en place pour améliorer et rehausser son niveau, afin que l’Équipe A’ puisse régulièrement être compétitive ?

Si l’on souhaite se fixer des objectifs à long terme et rivaliser avec les grandes nations africaines, il est impératif de prendre en compte trois éléments essentiels. En premier lieu, la formation des entraîneurs revêt une importance capitale. Tout comme moi, la majorité des entraîneurs du pays ne possède qu’une Licence C CAF. Seuls un ou deux possèdent la Licence B. Il est donc indispensable d’investir massivement dans la formation des techniciens pour améliorer leur niveau de qualification. Ensuite, il faut également se tourner vers les jeunes. Pour cela, il conviendrait de mettre en place, dans chaque île, des écoles de football à la base.

Les infrastructures sont également un élément crucial. Heureusement, on constate des progrès dans ce domaine. Sans ces trois éléments, il serait très difficile pour l’équipe locale d’aller très loin. Dans un autre registre, il est également nécessaire d’organiser davantage de compétitions locales. Pourquoi ne pas relancer la Coupe de la Ligue et miser sur les championnats U20, U19 et U17 ? De nombreuses possibilités s’offrent à nous pour mettre en place de nouvelles compétitions. Nous, les techniciens, ne demandons que cela. C’est une question politique qui relève de la Fédération, et la direction technique serait mieux placée pour proposer des initiatives.

Dans quatre mois auront lieu les JIOI 2023 à Madagascar. Comment envisagez-vous d’aborder ce tournoi et quel sera l’objectif des Cœlacanthes pour cette édition ?

Il est évident que tous attendent que cette équipe performe aux Jeux des îles. Notre objectif premier serait d’atteindre les demi-finales, car cela fait un moment que les Comores n’ont pas atteint ce niveau (depuis 1979, ndlr). Pourtant, nous n’étions pas une équipe aussi faible dans l’océan Indien. Dans l’état actuel des choses, l’idéal serait d’utiliser la Cosafa Cup comme préparation pour les Jeux des Îles.

Cette approche serait avantageuse et pertinente à bien des égards. Elle permettrait non seulement d’évaluer nos forces et nos faiblesses, mais aussi de nous confronter à des équipes constituées de joueurs professionnels, largement supérieurs à nous en termes de niveau. Ainsi, à l’issue de cette compétition, nous serions en mesure de définir avec plus de clarté nos objectifs pour les Jeux des îles.

Les JIOI revêtent toutefois un enjeu particulièrement important pour les Comores…

Je suis pleinement conscient de l’importance que revêtent ces Jeux pour notre pays. Nous nous devons de réaliser un bon parcours. Ce qui est certain, c’est que notre objectif est d’aller le plus loin possible. C’est à travers les JIOI que les joueurs locaux gagneront le respect. J’espère également que les moyens seront débloqués pour que nous puissions bénéficier d’une très bonne préparation. Il y a la possibilité d’avoir un stage complet en juillet, ce qui serait très intéressant à exploiter.

Il est évident que l’Équipe A’ n’est pas exclusivement réservée aux joueurs locaux. Compte tenu des enjeux de cette année, serait-il envisageable d’inclure dans votre groupe des joueurs évoluant dans les championnats de la région, en vue de la Cosafa Cup et des JIOI ?

Il s’agit là d’une équipe nationale des Comores. Si l’opportunité se présente d’intégrer d’autres joueurs évoluant à l’extérieur du pays, cela serait bénéfique. Tous ceux qui souhaitent participer à l’essor de cette équipe dans des compétitions majeures sont les bienvenus. Je suis d’avis que l’équipe ne doit pas être composée exclusivement de joueurs locaux. Si nous avons des talents ailleurs, que ce soit sur le continent, à la Réunion ou même à Mayotte, ils peuvent être intégrés à l’équipe. Toutefois, cela dépend des moyens disponibles. Pour ma part, je ne vois aucune raison de les ignorer. Dès lors qu’ils sont performants, nos portes leur sont ouvertes.

Enfin, nos voisins malgaches ont réalisé un parcours remarquable lors du dernier CHAN. Qu’est-ce que cela vous inspire et peut-on espérer voir les Cœlacanthes emboîter le pas en se qualifiant pour l’édition 2024 ?

Le parcours de Madagascar est remarquable et mérite d’être salué. C’est un exemple à suivre pour l’ensemble de la région de l’océan Indien. Il convient toutefois de souligner que Madagascar est une grande nation du football, ayant toujours un coup d’avance sur nous. Néanmoins, nous nous efforcerons de suivre leur exemple.

Concernant le CHAN 2024, il va de soi que nous mettrons tout en œuvre pour tenter de nous qualifier. Si cela venait à se produire, ce serait une première dans notre histoire. Cependant, comme je l’ai souligné à maintes reprises, la réussite d’un tel projet dépend essentiellement de la préparation, de l’organisation et des objectifs que nous nous fixons. Nous ne pouvons pas espérer nous qualifier du jour au lendemain. Il est primordial d’avoir une vision à long terme, de faire preuve de patience et de réalisme quant à nos capacités. Si nous sommes en mesure de relever ces défis, peut-être pourrons-nous espérer disputer une phase finale du CHAN dans cinq ans.

Propos recueillis par Boina Houssamdine

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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.

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