
Coupe du Monde
Kassim Abdallah met en avant l’importance de la formation locale
Dans une récente interview accordée à la radio RCM13, Kassim Abdallah, Manager général des Cœlacanthes, a partagé ses réflexions sur le tirage au sort des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Ayant pris part à l’émission en tant qu’intervenant, Boina Houssamdine nous résume cet échange.
Alors que les Comores ont été placées dans le Groupe I aux côtés de nations telles que le Mali, le Ghana et Madagascar, Kassim Abdallah reconnaît la difficulté de ce groupe, mais reste optimiste quant aux chances de son équipe. Il souligne également l’importance de la formation locale pour assurer un avenir prometteur au football comorien. Une « priorité absolue » pour l’ancien international. Il appelle à la création d’académies et de centres de formation aux Comores, tout en faisant appel à la diaspora pour investir dans ces initiatives.
Les Comores évolueront dans le Groupe I lors des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026. Comment analysez-vous ce tirage ?
Kassim Abdallah : C’est un groupe difficile. Il n’existe pas de groupe facile, toutes les équipes sont difficiles à jouer. Le football africain a progressé dans toutes les catégories. Nous avons pu le constater lors des dernières CAN de jeunes, U17 et U23. Beaucoup d’équipes que l’on considérait comme des « petites équipes » ne le sont plus. Je trouve que c’est un groupe solide, où nous aurons notre carte à jouer. Le Ghana et le Mali sont les deux grands favoris. Nous avons affronté à plusieurs reprises le Ghana, nous savons que c’est un redoutable adversaire, et le Mali n’était pas dans le Chapeau 1 pour rien, c’est une grande nation d’Afrique. Nous devons continuer à travailler et à progresser.
En ce qui concerne nos voisins de Madagascar, il est vrai que ces dernières années nous n’avons jamais eu l’occasion de jouer contre eux en matchs officiels, mais cette fois-ci, cela va se réaliser. Je connais bien la Centrafrique. J’ai eu l’occasion de jouer avec nombreux de ses joueurs. C’est une très bonne équipe. En revanche, je connais moins le Tchad, mais je sais qu’il n’y a pas de petites équipes en Afrique. Il faudra se méfier de tout le monde. Je suis très enthousiaste à l’idée de commencer cette campagne de la Coupe du Monde, d’autant plus que c’est une première pour nous (en phase de groupes, ndlr).
Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour cette campagne ?
Nous sommes des compétiteurs. Nous avons envie d’y croire. Pourquoi ne pas rêver grand ? Nous avons l’ambition de terminer aussi haut que possible. Nous avons notre carte à jouer et, sans prétention aucune, je pense qu’il est important d’avoir l’ambition de viser le classement le plus élevé possible. Si la qualification est au bout, ce sera magnifique, mais nous sommes conscients qu’il sera très difficile de se qualifier pour la Coupe du Monde. Nous ne sommes pas fous.
Les éliminatoires de la CAN 2025 arriveront en cours de route, si vous deviez choisir une compétition, ce serait laquelle ?
Notre objectif numéro un, si nous devions choisir une compétition, serait la CAN 2025. Ainsi, nous utilisons les matchs de qualification pour la Coupe du Monde pour nous préparer au mieux en vue de décrocher une qualification pour la prochaine CAN.
En attendant, deux dates FIFA se profilent à l’horizon avant le début des éliminatoires en novembre. Quelle préparation prévoyez-vous pour les Cœlacanthes ?
Nous avons commencé à aborder toutes ces questions avec le Président. Nous souhaitons anticiper, véritablement prendre les devants cette fois-ci afin de ne pas être pris au dépourvu. Cependant, à l’heure actuelle, la question fondamentale est de savoir si le budget sera au rendez-vous. Nous allons tenter de résoudre rapidement cette question, en collaboration avec tous les acteurs concernés, tels que la Fédération et l’État. En soi, ce sont des dates que nous avons l’habitude de faire. Ce qui est bien, c’est que nous avons les calendriers à l’avance, ce qui nous laisse du temps pour bien planifier ces matchs de préparation.
On parle régulièrement de potentiels renforts de binationaux évoluant à un certain niveau pour l’équipe nationale. Où en sommes-nous avec ce dossier ?
Avant toute chose, il est important que les Comoriennes et les Comoriens comprennent que nous sommes une toute petite nation. Et qui dit petite nation, dit effectif restreint. Le vivier du football comorien n’est pas au même niveau que celui du Mali, du Sénégal et des autres pays. Nous ne rivalisons clairement pas avec eux. Ce que nous pouvons faire avec nos moyens, c’est constituer les meilleurs groupes et équipes possibles en sachant que nous ne disposons pas d’un vaste réservoir de talents. La réalité est que la génération actuelle de joueurs comoriens formés dans les centres de formation en France est prometteuse. C’est déjà bien. Il y a vingt ans, ce n’était pas le cas. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’ils réussiront tous.
Cependant, le plus important est que les gens comprennent que la priorité absolue est de former localement aux Comores. Cela doit être notre principale préoccupation. Tant que nous ne formerons pas localement, il sera toujours difficile d’avoir des effectifs élargis. La fermeture de l’Académie Twamaya pose un sérieux problème à notre football. Nous devons créer davantage d’académies et former de plus en plus de joueurs locaux. C’est ainsi que nous pourrons disposer d’un réservoir conséquent en combinant cela avec les talents de la diaspora. Il n’existe aucune autre alternative. Nous n’avons pas le choix, c’est la voie à suivre. Il n’y a pas d’autres solutions si nous voulons grandir et assurer un bel avenir. La formation constitue la base de toute chose, et cela vaut également pour les entraîneurs.
J’en profite également pour lancer un appel aux personnes de la diaspora qui aiment leur pays et qui souhaitent investir, afin qu’elles ouvrent des centres et des académies privées. Je ne vous cache pas que personnellement, j’aimerais ouvrir une académie privée sur place. C’est l’un de mes objectifs. Il en faut plusieurs, répartis dans tous les recoins, avec des infrastructures adéquates. Ne serait-ce que pour disposer de cinq nouveaux terrains synthétiques où il serait possible de pratiquer le football de manière optimale.
Pour revenir à la question précédente, les avez-vous approchés et est-ce qu’ils pourraient rejoindre le groupe d’ici novembre ?
Croyez-moi, nous sommes en contact téléphonique avec eux tous les jours. Nous les appelons régulièrement en essayant d’établir un lien pour les convaincre de nous rejoindre. Certains joueurs sont en pleine réflexion en raison de leur âge et de leur situation professionnelle. Ce que nous avons pu faire en tant que staff, c’est essayer de les convaincre en leur montrant une bonne image, en leur expliquant que les conditions sont bonnes, que nous avons un staff compétent, qu’il y a tout ce qu’il faut sur le plan médical et sportif pour répondre à leurs attentes. Bref, que tout se passe bien. Nous avons fait le travail. Ils ont compris que la sélection a évolué. Nous les relançons et nous attendons qu’ils se sentent prêts à nous rejoindre. Il est important qu’ils comprennent que nous avons besoin d’eux pour renforcer l’effectif et faire évoluer le football comorien.
Restant sur cette question relative au vivier, quelle est la situation actuelle de l’équipe nationale ?
L’effectif actuel de l’équipe nationale se compose d’environ quarante à cinquante joueurs, entre l’équipe première et les moins de 23 ans, susceptibles de jouer un match. C’est très peu, mais c’est néanmoins la réalité. Aujourd’hui, de nombreux joueurs de notre effectif ne sont pas titulaires dans leur club, et certains n’ont même aucun projet sportif. Ce sont des facteurs que nous devons prendre en compte. Ils expliquent en partie les difficultés que nous avons rencontrées lors de notre campagne pour la CAN 2023. Il faudra veiller à ce que cela ne se reproduise pas d’ici le début des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026.
Enfin, vous avez évoqué l’idée d’avoir un vivier localement en mettant l’accent sur la formation. Mais en attendant, pourquoi ne pas passer quelques semaines au pays pour essayer de détecter quelques joueurs du championnat local ?
Vous ne pouvez pas juger un joueur à l’entraînement. Vous devez le voir en match. Sur une période de deux ou trois semaines, vous ne pouvez assister qu’à un maximum de trois rencontres. De plus, cela risque de vous focaliser sur une ou deux équipes au détriment des autres. Cela demande davantage de ressources, tant sur le plan technique que sur celui de la faisabilité, qui se révèle difficile. Du point de vue financier, il serait peu probable, compte tenu de l’état actuel des choses, de consacrer deux ou quatre mois sur place pour se faire une meilleure idée. Ce qui pourrait faciliter les choses, c’est la diffusion des matchs du championnat, permettant ainsi de suivre un plus grand nombre de joueurs. À défaut, il nous faudrait un intermédiaire local de confiance, ayant un œil avisé, capable de nous fournir des indications sur des joueurs prometteurs.
Propos rassemblés par Boina Houssamdine
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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.

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