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Ayouba Moussa : « Les entraîneurs méritent des meilleures conditions »
Ancien entraîneur d’Élan Club, Coin Nord, US Zilimadjou et de Volcan Club, Ayouba Moussa aspire à des nouvelles ambitions. Ayant connu la CAF Champions League, la Confederation Cup et un bref passage en équipe nationale, il nous a accordé un entretien sur sa formation et ce qu’il pense du football comorien. Actuellement responsable du foot à 11 et des U13 Elite Paris 12 la Camillienne, il vient d’obtenir son diplôme d’entraîneur UEFA B.
Désormais titulaire de l’UEFA B, expliquez-nous un peu vos démarches pour l’obtention de votre diplôme quelques année après votre retour en France.
J’ai acquis beaucoup d’expérience durant mes 6 ans aux Comores. Ayant entraîné pas mal d’équipes, j’ai eu aussi la chance de côtoyer le niveau international. Des compétitions africaines des clubs mais aussi un bref passage en équipe nationale en tant qu’adjoint d’Ali Mbae Camara. J’ai obtenu ma Licence C CAF et j’avais débuté la Licence A pour devenir instructeur CAF que je n’ai pas pu terminer après mon retour en France. Mais il fallait que je passe mes diplômes. N’ayant pas pu avoir une équivalence ici sur mon expérience acquise notamment mes différentes formations et diplômes acquis aux Comores j’ai dû refaire quelques étapes au niveau de la FFF. Du Certificat Fédéral 3 à l’UEFA B que j’ai obtenu en juin de cette année. L’année prochaine j’entamerai l’UEFA A qui me permettra de prétendre au DES.
Durant votre passage aux Comores, comment s’est passé votre intégration et ce que vous avez découvert du métier d’entraîneur aux Comores ?
Tout est allé très vite pour moi à mon arrivé. Je ne sais pas si c’était le fait que j’avais des diplômes français mais personnellement je n’ai pas eu des difficultés. Les opportunités de formation, il n’y en a pas beaucoup. Les entraîneurs locaux en demandent quotidiennement mais on ne leur donne pas assez. Il n’y a pas une véritable politique pour la formation des entraîneurs. Le problème en est aussi qu’il n’y a que la Licence C CAF qui est proposée. Ce qui est regrettable. Former des éducateurs devrait être une priorité pour la fédération. C’est le football d’une manière général qui va en bénéficier. Sans des bons éducateurs nos joueurs ne pourront pas avoir la formation footballistique requise. Il ne suffit pas d’avoir été un ancien joueur pour être un bon entraîneur.
« La majeure partie des entraîneurs travaille sans le strict minimum »
Le football comorien connait plusieurs difficultés organisationnelles, sous quelles conditions s’exerce votre métier ?
C’est un très bon métier avant tout. Il n’est pas aussi facile surtout que parfois il n’y a pas de reconnaissance. Les gens ont tendance à mettre souvent en avant les joueurs que leur mentor. Il faut savoir qu’être coach aux Comores, vous êtes un peu regardé et envié. Mais il reste un métier passionnant surtout dans notre pays où tout le monde est derrière toi. Il faut que les entraîneurs locaux profitent de cette spécificité pour se mettre en valeur et réclamer des meilleures conditions. Malheureusement ce n’est pas encore le cas chez nous où la majeure partie travaille sans le strict minimum. Personnellement avant de rejoindre une équipe, je mets en avant mon savoir-faire et mes qualités pour réclamer des meilleures conditions de travail. Partout où je suis passé, je faisais en sorte que mon statut d’éducateur soit reconnu et respecté au sein du club.
Quelle est votre philosophie de jeu et ce que vous avez pu apporter aux clubs que vous avez eu à entraîner ?
Chacun a sa propre philosophie du football. Moi j’aime les jeux courts et avoir la procession mais pas de manière exagérée. Je me rappelle lors mes débuts avec Élan Club, les joueurs avaient tendance à procéder à des contres attaques. Il y avait des joueurs qui allaient super vite, Mohamed Mougni, Abdoulkarim Sandjema… Quand on allait affronter Simba SC en Ligue des champions de la CAF, je leur ai dit qu’il n’est pas nécessaire de jouer sur des contres. Face à une équipe aussi solide, il fallait procéder avec des jeu court même à la sortie de balle. Delà j’ai imposé une nouvelle façon à Mitsoudjé que même dans les quartiers les petits disaient « on va jouer comme Ayouba le recommande ». Cela a eu un grand impact sur le jeu d’Élan Club, de même avec l’US Zilimadjou et Coin Nord.
Trois ans après, trouvez-vous qu’il y a eu une évolution du football comorien au niveau local ?
Je pense qu’il y a une évolution du football aux Comores. On le voit maintenant dans les compétitions africaines des clubs. Les représentants comoriens arrivent à tenir tête à des très bonne équipes africaines malgré qu’on ait la même facilité qu’eux. Ça ne se joue à rien. Il y a eu un engouement populaire aussi avec l’équipe nationale. Maintenant tout le monde veut être performant pour pouvoir être appelé en sélection. Il faut aussi se dire la vérité, on a des joueurs de qualité. Des bailleurs de fonds investissent de plus en plus dans les clubs. La discipline se structure petit à petit.
« On doit arrêter de faire des recrutements au seul critère qu’il soit étranger »
Il y a maintenant de plus en plus d’étranger dans le championnat, pensez-vous que cette vague de joueurs apporte que chose au football local ?
Cela a vraiment pris une ampleur à partir de la saison 2010-2011. On retrouvait quelques-uns par ici et par là mais dans cette période, il y a eu vraiment une vague. Je pense c’est à Mwali et Ndzuani qu’on retrouvait le plus de joueurs étrangers avec une majeure partie de malgaches. Il y a certains qui font l’affaire mais il y a beaucoup de ratés aussi. Certains n’ont même pas le niveau. On doit arrêter de faire des recrutements pareils au seul critère qu’il soit étranger. Ce n’est pas le nom qui va faire le joueur. On ne prétend pas à avoir les meilleurs. La vérité est que ce ne sont pas les meilleurs joueurs Camerounais, Ivoiriens ou malgaches qui viendront chez nous. Mais il faut prendre des joueurs qui en valent la peine et qui vont apporter un plus à ce qui est produit localement.

En tant que coach, comment vous jugez la situation délicate du sélectionneur Amir Abdou avec la fédération ?
Il n’y a rien de pire pour déstabiliser un coach que d’être dans cette situation. Je ne comprends pas l’attitude de la fédération par rapport à Amir Abdou. Je pense qu’il a apporté beaucoup de choses et qu’il ne mérite pas ce traitement. Sa situation est inconvenable de plus qu’on aborde dans quelques jours un match très important. Dans les normes cette question de contrat devrait être réglé des mois bien avant.
« Les Comores ont la chance d’avoir un sélectionneur qui fait très bien son boulot »
Certains supporters jugent négativement le bilan d’Amir Abdou avec les Cœlacanthes et doutent de sa capacité à faire évoluer l’équipe. Comprenez-vous un peu leurs ressentis ?
Quelques parts nous les Comoriens on est un peu amnésiques. On oublie qu’il y a quelques années on se faisait humilier par notre voisin Madagascar. Sportivement, on a fait un grand pas depuis qu’Amir Abdou est à la tête de cette sélection. Bien qu’on ait un public très exigeant, certains propos manquent vraiment de lucidité. Vous imaginez qu’en mois de 3 ans, on a tenu tête à 3 parmi les plus grandes nations africaines avec les honneurs ? Qui aurait pu croire qu’on allait tenir tête au Ghana, le Cameroun et le Maroc ? C’est un projet qui prend forme et qu’il faut de la patience pour le voir aller plus loin.
Ces derniers semaines plusieurs noms dont vous sont évoqués pour succéder à Amir Abdou en cas de non renouvellement de son contrat. Es ce une priorité pour vous ?
Personnellement je n’ai pas ça en priorité puisque déjà il y a un très bon projet en place. Les Comores ont la chance d’avoir un sélectionneur qui fait très bien son boulot et que je respecte. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas d’ambition mais juste que l’heure n’est pas encore arrivée. C’est le rêve de tout entraîneur de prendre un jour la tête de la sélection mais toute chose à son temps. Le plus dur n’est pas d’y aller mais d’y rester.
Propos recueillis par Boina Houssamdine
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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.

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