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Kassim Hadji / Twamaya : « Notre avenir ne les préoccupait point »

Fermée depuis octobre 2017, l’Académie Twamaya était une pépinière de formation de jeunes footballeurs comoriens.

Trois générations sont passées par ce centre de formation ouvert en 2010 et implanté à Mitsamihuli. Comoros Football 269 s’est entretenu avec d’anciens pensionnaires du centre. Issu de la deuxième génération, Kassim Hadji (20 ans, ailier) revient sur ses années à l’Académie et de sa situation actuelle en club.

Bonjour Kassim, durant tes deux années passées au centre, qu’est ce qui t’a le plus marqué tout au long de ta formation ?

Notre médaille d’Or aux CJSOI 2014. C’était une belle récompense. On venait à peine d’intégrer le centre. Au début, on n’était pas encore bon physiquement. On se devait de mettre en place une cohésion dans le groupe. C’est ce qui nous a permis d’aborder sereinement une année plus tard les CJSOI. Je trouve dommage qu’aujourd’hui le centre ne fonctionne plus. La formation des jeunes est importante pour le développement du football d’un pays.

Il y a aussi l’éducation qui était prioritaire et très importante pour les coachs. C’est ce qui m’a énormément marqué. Durant notre première année de formation, on n’arrivait pas à comprendre exactement ce que voulaient nous transmettre les éducateurs. Ce qu’ils attendaient de nous. Certains d’entre nous avaient par exemple du mal à accomplir la prière. Le centre n’avait pas seulement comme objectif de former des joueurs de foot. Il avait aussi pour vocation d’éduquer des jeunes. Que ce soit dans le cadre social ou scolaire.

Au-delà de l’aspect éducatif et sportif, quel était le quotidien des pensionnaires de ta génération ?

Tout se passait bien en général même si parfois on était confronté à quelques difficultés. On avait encore par exemple nos habitudes culinaires. Ce qui nous posait quelques problèmes. Il fallait s’y adapter à la vie et aux règles du centre. Mais tout n’était pas rose. Tout le monde se plaignait de la qualité des repas qui n’étaient pas adaptés. Il y avait aussi un manque d’équipements. Chacun de nous n’avait seulement qu’une paire de chaussures, chaussettes puis un seul short et maillot. On les utilisait à la fois durant les entraînements et dans nos rencontres. C’était gênant.

Kassim Hadji avec le brassard de capitaine et ses coéquipiers de l’Académie Twamaya, vainqueurs des CJSOI 2014
Des trois générations de l’Académie Twamaya, au-delà des équipes jeunes des Cœlacanthes et l’équipe locale, aucun pensionnaire n’a réussi à disputer une rencontre avec l’équipe A . Comment expliquer ce phénomène ?

Je pense que c’est une question de suivi. Il n’y en avait pas. Nos prestations en D1 n’étaient pas scrutées. Il y en a parmi les pensionnaires qui ont totalement abandonné le foot faute d’opportunités. Notre avenir ne les préoccupait point. Ce qui explique qu’on ne nous a jamais donné une chance pour prouver nos qualités en équipe nationale par exemple. D’un côté, notre génération n’avait pas fini sa formation à cause d’une mésentente entre nous et la direction. Je pense ça a pesé sur cet abandon. On n’avait pas quitté l’Académie en très bons termes. Notre différent reposait sur une question de maillots. La direction ne voulait pas qu’on garde des souvenirs. Les uniques équipements qu’on avait durant les deux années passées au centre.

Qu’en penses-tu aussi de l’absence d’opportunités pour des essais à l’étranger ?

C’est ce que personnellement je n’ai jamais compris. Passer deux ou trois années dans un centre de formation et n’avoir jamais eu la chance d’effectuer un essai. On nous disait à chaque fois qu’il va y avoir des partenariats avec des clubs en Europe, mais il n’y a jamais eu quelque chose de concret. Sans dénigrer le niveau du football local, il doit y avoir une différence de considération entre des joueurs issus d’un centre de formation avec d’autres joueurs. On doit dépasser l’objectif de former des jeunes footballeurs que pour seulement évoluer en D1.

Kassim Hadji sous les couleurs d’Ain Sud Foot © Thierry Dupre
Tu poursuis ta carrière depuis deux années dans la région lyonnaise et sans avoir été au préalable invité par un club pour un essai. Comment s’est fait ton engagement avec l’Olympique de Rillieux, ton premier club en France ?

Mon arrivée en France s’est fait naturellement. Ce n’était pas dans un cadre sportif mais d’un regroupement familial. J’avais tout de même en tête l’idée de poursuivre le foot une fois ici. Je me rappelle qu’à mon deuxième jour à Paris, j’ai demandé à ma mère où se trouvait le stade de notre commune. Elle m’a indiqué le lieu et j’ai mis direct un Gps pour m’y rendre. J’ai demandé à effectuer une séance d’entraînement avec l’équipe qui occupait le terrain. On me l’a accordé et à la fin de la séance le coach est venu se renseigner sur moi. Mais je ne suis pas resté longtemps sur Paris. Je suis parti m’installer à Lyon avec ma grand-mère.

J’ai procédé de la même manière et recherché le terrain qui était à proximité, puis j’ai demandé à participer à la séance d’entraînement. L’équipe qui occupait le stade ce jour-là était l’Olympique Rillieux. Le coach me l’a accordé et comme à Paris, à la fin de la séance, il est venu se renseigner sur moi. C’était un mardi et il m’a demandé à venir participer à la prochaine séance du jeudi. Je me suis encore rendu et à la fin de la séance, on a eu une vraie discussion sur mes objectifs. Il m’a signifié que mon profil l’intéressait. Mais comme j’étais nouveau dans la région, le club s’est chargé des procédures administratives pour m’octroyer ma licence. C’est ainsi que j’ai relancé ma carrière en France.

Quels étaient tes débuts avec Olympique Rillieux ?

À mes débuts avec le club, on évoluait en Séniors D2 au niveau départemental. Je ne jouais pas en début de saison mais vers la moitié de l’année, j’ai fini par disputer mes premières rencontres avec le club. On a réalisé un beau parcours et au bout, on a décroché une montée en D1. Un beau parcours aussi en Coupe de France où j’étais très décisif. J’avais la confiance de mon coach Mohamed Merah. Il a cru en moi dès le départ et n’a cessé de me présenter à des amis, agents et clubs. Il y avait même l’Olympique Lyonnais parmi les clubs qui sont venus me superviser. Finalement, on s’est mis d’accord en mai dernier avec Ain Sud Foot (National 3).

La saison semble bien lancée avec Ain Sud, quels sont tes objectifs avec le club ?

Je me sens bien avec Ain Sud. Le club a bien démarré la saison et personnellement je suis sur 7 matchs dont 2 en Coupe de France, pour 2 buts et 2 passes décisives. Je donne tout pour aider le club à réaliser une bonne saison. Cela passera par une régularité et des bonnes performances chaque weekend. Et pourquoi pas viser une montée en National 2. Mon objectif est de jouer au plus haut niveau possible.

Propos recueillis par Boina Houssamdine

Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.

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