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Portrait

Jean-Yves Soilihi, le formateur comorien de Genève

Entre formation et scouting, Jean-Yves Soilihi est réputé à Genève pour être un excellent formateur, fort de 25 ans d’expérience dans le domaine.

Originaire de l’archipel des Comores, à Pamandzi, et de Madagascar, Jean-Yves Soilihi a mené un parcours riche en expériences entre le terrain et le banc de touche. Né à Marseille, l’entraîneur des U18 du Servette FC a grandi à La Castellane, un quartier marqué par des figures emblématiques comme Zinédine Zidane.

D’abord joueur, il a évolué au Nîmes Olympique, à l’Évian Thonon et dans des clubs de troisième division suisse. Ces expériences ont façonné son parcours avant qu’il ne se tourne vers le coaching.

Ses débuts en tant qu’entraîneur

Jean-Yves Soilihi a débuté sa carrière d’éducateur à La Castellane. En 2001, il poursuit son chemin en Suisse au Puplinge FC. Pendant sept ans, l’originaire de Pamandzi se forme à l’UGS sous la direction de David Joye, encadrant toutes les catégories de jeunes du club. Cette étape s’est révélée essentielle pour son développement et sa spécialisation dans la formation des jeunes. En 2010-2011, il devient entraîneur du FC Lancy avant de diriger les U17 du FC Champel.

Entre 2013 et 2017, le Marseillais devient scout pour le Paris Saint-Germain en Suisse, sous la supervision de Marc Westerloppe et Olivier Létang. Cette période lui permet de perfectionner son œil pour repérer les talents et d’élargir son réseau en Suisse. Il apprend énormément aux côtés de dirigeants comme Marc Westerloppe, notamment sur l’analyse des joueurs et leur développement. En 2017-2018, il revient au FC Champel pour encadrer les seniors, avant de rejoindre le FC City, où il reste deux ans.

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Depuis 2020, Jean-Yves est au Servette FC, l’un des clubs les plus prestigieux de Suisse. Il entraîne d’abord les U17 pendant trois ans, puis prend en charge les U18, poste qu’il occupe depuis un an et demi. Bien qu’il ne les ait pas directement entraînés, il a côtoyé Rafidine Abdullah et Azihar Mhoumadi lorsqu’ils évoluaient avec le Servette M21. Très proche de Raffidine, Jean-Yves a pu prendre des informations sur l’équipe nationale des Comores. Titulaire d’une licence UEFA A Youth, il est qualifié pour entraîner des équipes de jeunes à tous les niveaux.

Interview avec Jean-Yves Soilihi

Quelle est votre philosophie de jeu ?

Ma philosophie, aujourd’hui, est de repartir de derrière avec un gardien très bon avec ses pieds et de donner la possibilité à mes centraux d’oser et d’avoir du culot. L’objectif est d’attirer l’adversaire pour exploiter les espaces qu’il nous offre. Je prône un football offensif sans oublier que défendre fait partie des moments du jeu. Avec Servette, la sortie de balle est notre cheval de bataille, donc nous essayons de trouver plusieurs combinaisons pour faire mal à l’adversaire sur des phases statiques. Les positions de nos joueurs doivent être larges et profondes afin de créer des espaces pour pouvoir combiner. La connexion entre les joueurs est primordiale, tout comme celle avec l’entraîneur pour l’évolution du jeu, car, évidemment, c’est un jeu.

Qu’avez-vous appris en Suisse ?

La Suisse m’a donné un cadre de vie très sain, avec une organisation encadrée. Dans le travail, ce pays m’a apporté de la rigueur, de la discipline, de l’honnêteté, et un contexte favorable pour mon développement personnel. J’ai compris là-bas qu’on donne une chance et une opportunité à ceux qui ont faim. La Suisse ne fait pas de différence.

Que pensez-vous du football suisse ?

Le football suisse a beaucoup évolué depuis mon arrivée. Avant, la Suisse n’avait pas de grands talents, mais elle avait une certaine rigueur avec une organisation cadrée. Ils ont donc décidé de se concentrer sur l’aspect défensif, collectivement, pour instaurer leur culture à travers la discipline et la rigueur. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, la Suisse a réussi à exporter des joueurs talentueux comme Denis Zakaria, Xherdan Shaqiri, Ulisses Garcia, Kévin Mbabu, ou Manuel Akanji. Les Suisses cherchent beaucoup à développer les talents individuels, notamment ceux à vocation offensive, tout en gardant leur culture de rigueur et de discipline, visible dans les différents pressings proposés.

Quel regard portez-vous actuellement sur le football comorien ?

Honnêtement, j’ai été surpris par cette évolution. Alors, j’ai fait une rétrospective sur l’équipe A pour comprendre où tout a commencé. Le constat est sans appel : Marseille a été le point de départ de la sélection comorienne. J’ai vu qu’il y avait des gens très investis. Le football comorien a évolué à travers la sélection nationale. Les gens y ont mis du cœur, les joueurs ont joué avec le cœur. Je regarde de loin comment cela évolue, mais maintenant, j’ai envie de voir de près comment cela est organisé à l’intérieur, sans me faire d’illusion.

Que pensez-vous de cette vague comorienne qui débarque massivement en Suisse ?

Pour moi, c’est un tremplin pour eux. Cela va leur permettre d’évoluer. La France est une marche un peu au-dessus. Si tu t’exprimes bien, cela peut te permettre d’aller en Allemagne ou ailleurs. Ils ont raison, parce que le niveau là-bas n’est pas le niveau de la France. Cela peut être une bonne opportunité pour s’exprimer sur le terrain et valoriser l’équipe nationale. S’ils sont performants, ils vont apporter à la sélection et pouvoir évoluer dans d’autres grands championnats européens.

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Qu’est-ce que votre passage en tant que scout du PSG vous a apporté ?

Mon passage en tant que scout du PSG m’a appris à regarder au-delà de l’évidence. Il est important de voir le profil complet du joueur. Il y a le joueur que tout le monde voit sur le terrain, mais ce qui est vraiment intéressant et difficile, c’est d’identifier ce que les autres ne remarquent pas. J’observe, j’analyse et je réfléchis à comment le façonner pour qu’il atteigne son plein potentiel.

J’imagine déjà le joueur à l’avenir, et je disais au présent qu’il était bon, alors qu’il n’était pas encore au niveau. Pour moi, c’était un présent qui allait devenir futur. Un jour, j’ai parlé à un ami d’un de mes joueurs. Il m’a pris pour un fou. Je disais qu’un tel était bon, et il me répondait le contraire. Avec mon ami, on s’est côtoyés pendant 4-5-6 ans. Il a vu que les joueurs ont progressé. Il me demandait comment j’avais fait et disait qu’il n’aurait jamais misé sur lui. Je lui ai raconté que je l’avais fait évoluer, car j’avais remarqué quelque chose en lui. Une personne lambda aurait vu autre chose.

Quelles leçons cherchez-vous à transmettre à vos joueurs, au-delà du football ?

C’est particulier, parce que mes joueurs ont déjà tout. Quand je dis tout, c’est qu’ils sont en Suisse. Les parents travaillent tous, qu’ils soient d’origine africaine ou albanaise. Ils ont la chance d’être en Suisse, donc ils gagnent de bons salaires. Mais la seule chose que je leur demande et que j’essaie de leur transmettre, c’est que si vous voulez arriver, c’est une question de travail. Ils travaillent, mais pas autant que ceux qui sont en France ou en Afrique, car ils ne connaissent pas la difficulté. Ils ne savent pas ce qu’est cette faim de réussir. C’est ce qui leur manque. Il faut avoir faim tous les jours.

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Written By

Rédacteur de Comoros Football 269, mais avant tout un passionné de football à la recherche des talents comoriens de demain dans les championnats amateurs et de jeunes.

1 Comment

1 Comment

  1. Houlfat Mahouchiza

    19 janvier 2025 at 3h49

    Bravo pour cette interview je l’espère le début de beaucoup d’autre si Dieu nous le permet

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