Un mois après son arrestation pour corruption à Paris, le président de la CAF Ahmad Ahmad fait de nouveau face à des accusations de ses anciens collaborateurs. A la CAF, ce ne sont pas les scandales qui manquent. Mais cette fois-ci, une affaire d’un Oumra VIP concerne des Comoriens à savoir le président de la FFC Saïd Ali Saïd Athouman et Abdullah Mustapha, directeur de la compliance de la CAF. Les Comores, complices de corruption ?
Démis de ses fonctions il y a une semaine, l’ancien Directeur financier de la CAF Mohamed El Sherei lance une charge contre la CAF. Parmi ces diverses accusations, une opération VIP selon lui ordonné par Ahmad Ahmad avec la complicité du Comorien Abdullah Mustapha. Un Oumra (petit pèlerinage) à la Mecque payé par la CAF à certains présidents de fédérations de confession musulmane fait polémique. Étant donné les frais engagés et cette distinction de catégorie, cette opération est citée par les médias comme une forme de corruption dans l’affaire Tactical Steel. L’affaire à l’origine de l’arrestation du président Ahmad Ahmad en juin dernier à Paris.
« En quoi est-ce un acte de corruption ? »
Le patron de la FFC figure parmi les présidents de fédération cités. Contacté, le président Saïd Ali Saïd Athouman nous a fait part de son ressenti sur ce dossier. S’il nous a confirmé qu’il était bien présent à la Mecque en mai 2018, il rejette le caractère « corruption » attribué à cette opération. « J’ai reçu une invitation officielle de la CAF et j’ai pris part au Oumra comme d’autres présidents de fédération. De la même manière que j’étais invité au tirage au sort de la CAN au Caire mais que je n’y suis pas allé car je n’étais pas disponible. En quoi est-ce un acte de corruption ? Qu’est-ce qu’on nous a demandé en retour ? »
L’opération « Oumra » a-t-elle eu une influence sur la requête auprès du TAS ?
« C’est la raison pour laquelle notre fédération est restée muette sur le dossier du TAS contre la CAF pendant plusieurs mois ». Ou, « on comprend mieux maintenant pourquoi la fédération n’a prononcé aucun mot après le rejet du recours auprès TAS ». Telles sont les premières réactions des internautes à la publication des documents de Mohamed El Sherei. Ahmad Ahmad manœuvrait-il avec la FFC pour faire échouer la requête comorienne auprès du TAS ? Des accusations gratuites dépourvues de logique selon la FFC. « Ne sommes nous pas allés jusqu’au bout quand il s’agissait de déposer une requête contre la CAF ? »
Bien sûr que la FFC est allé au bout de la procédure qui a abouti au résultat que l’on connaît. Le rejet de la requête des Comores. Mais il y a un point peut-être que les supporters n’ont jamais été informés. Les avocats des Comores avaient prévenu la FFC que les Cœlacanthes, 4ème au classement, n’avaient aucune chance de l’emporter. Que le Président du tribunal, un tennisman, risquerait de privilégier le résultat acquis sur le terrain. Au-delà du fait de ne pas se plier au dictat de la CAF et réclamer l’application du règlement, pourquoi donc dépenser des milliers d’euros dans un dossier assez délicat ? « Si nous avons tenu à aller au terme de la procédure, c’est pour ne pas qu’on nous reproche de n’avoir pas défendu les intérêts de la fédération. Vous auriez été le premier à dire que nous avons été corrompus ».
Une main-mise égyptienne dans la gouvernance de la CAF
Concernant les conflits au niveau de la CAF, pour Saïd Ali Saïd Athouman, le problème est ailleurs. Il faudrait selon lui de se poser les bonnes questions et remonter à l’origine de ces conflits. Une question de pouvoir et de privilèges d’une élite égyptienne qui dirigeait la CAF depuis des décennies. Citant au passage l’exemple de l’ancien Secrétaire Général de la CAF, Amr Fahmy, qui n’a fait que succéder à son père Mustapha Fahmy [à la CAF de 1982 à 2010, ndlr]. « En ce moment, il y a des règlements de compte à la CAF qui était gérée par certaines familles égyptiennes. Il y avait à peu près 10% de personnel non égyptien [à la CAF, ndrl], aujourd’hui il y en a 35% dont le numéro 3 de la CAF qui est comorien [Abdullah Mustapha, ndlr]. On doit en arriver à 50% du personnel originaire d’autres pays que l’Egypte ».
Comme le souligne Inside World Football, la CAF souhaite signer un accord avec le gouvernement égyptien pour faciliter le recrutement de personnel non égyptien. Une démarche qui ne passe du côté du Caire et qui est l’origine de ces conflits selon Saïd Athouman. « Comme par hasard c’est quand les gens sont virés et remplacés qu’il y a des soi-disant révélations. Quand on parle de corruption et de scandales dans le football ce sont des centaines de milliers ou des millions de dollars qui sont en jeu. Et de toute façon, dans tout ça, il y a des enquêtes qui sont en cours. On verra bien quel en sera l’issue ». Existe-t-il donc une relation entre les révélations d’anciens dirigeants égyptiens de la CAF et cette politique de renouvellement d’effectif d’Ahmad ?
Pour le moment, aucun lien direct n’est établit. Mais il y a un risque que cela soit l’origine puisqu’en cas de refus du gouvernement égyptien, la CAF songerait à installer son siège dans un autre pays. Mais la CAF et l’administration d’Ahmad Ahmad sont-ils pour autant simplement victimes d’une manipulation ? « J’admets qu’il peut y avoir des problèmes de gouvernance à la CAF poursuit Saïd Athouman, mais là aussi il faut avoir tous les éléments pour ne pas se lancer dans des spéculations et pour ne pas être utilisé dans des règlements de compte ».
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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.