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Cœlacanthes féminines au Cosafa : les joueuses n’y sont pour rien !

Longtemps relégué au second plan par la FFC, le football féminin des Comores se retrouve depuis deux mois au-devant de la scène. Deux mois déjà que la discipline fait parler d’elle et pas pour des bonnes raisons.

Des scores fleuves et une mauvaise organisation ont caractérisé les toutes premières participations des Cœlacanthes Senior et U17 aux compétitions du Cosafa. Un niveau très faible des joueuses par rapport au niveau de la région mais pas seulement. Derrière ce constat, les autorités fédérales ont aussi grande responsabilité.

Pour leur première au Cosafa Women’s Cup 2019 en août dernier, conscientes du niveau de la compétition, l’équipe nationale a été composé d’un groupe mixte de locales et expatriées venu de France. Renforcer le groupe et faire bonne figure telles étaient les objectifs fixés. Mais tout ne se passe comme prévu. Les ingrédients n’y étaient guerre pour s’assurer une bonne compétition. Pour un groupe dont la la majorité des joueuses n’ont jamais joué ensemble, le groupe n’a eu seulement que trois jours de regroupement à Moroni.

Des conditions qui n’étaient pas optimale mais aussi un regroupement marqué par une polémique sur les équipements. Non habillées avec des équipements officiels Maana Sport, les joueuses ont reçu à la place de la part de la FFC des contrefaçons achetées au marché Volo-volo. Des équipements qu’elles porteront plus tard durant le tournoi une fois en Afrique du Sud.

Un niveau très faible mais pas seulement

Mais avant de se rendre à Port-Elizabeth, c’est un tout calvaire que va subir le groupe. Pour une simple question de visas n’ayant pas été obtenus à temps, seule les expatriées et l’adjoint du sélectionneur vont voyager comme prévu le samedi 27 juillet. Cinq joueuses locales partiront deux jours plus tard avant que le sélectionneur, le kinésithérapeute, deux autres joueuses et le chef de délégation ne prennent l’avion en dernier. Cette troisième vague ratera le premier match face à l’Afrique du Sud et perdra une partie de leurs bagages dont ceux du kiné.

La comorienne Rabouanta Ali en duel avec la sud-africaine Ode Fulutudilu – Cosafa Women’s Cup 2019

Sportivement, le niveau du football féminin aux Comores est très faible. Pourtant le groupe qui a pris part au Cosafa Women’s Cup était en majorité composé d’expatriés. Le niveau et le jeu de l’équipe devaient en principe être bons. Mais cela n’a pas été le cas vu les scores fleuves enregistrés et ce pour deux raisons. Une grande partie des expatriées sélectionnées n’étaient pas en compétitions depuis près de six mois.

De plus, leurs sélections ont été faites à la va-vite sans tenir compte du niveau et de la plus-value qu’elles peuvent apporter à l’équipe. Mais ce n’est pas tout, le groupe était divisé et n’était pas traité de la même manière. A tel point où en interne il y avait en quelque sorte deux sélectionneurs. D’un côté le sélectionneur Choudjay Mahandhi avec les locales et de l’autre, l’adjoint imposé par la fédération, Pascal Koutala avec les expatriées.

Des défaites de 13, 15, 17 et 20 à 0

La déroute de la sélection féminine au Cosafa Cup 2019 a soulevé aussi un sujet sensible. La gestion du football féminin et le manque de considération des joueurs locaux (hommes et femmes comprises). En effet, si certes le niveau est très bas localement c’est aussi surtout qu’il n’y a jamais eu de politique pour l’améliorer. Instabilité dans l’organisation du championnat et aucune journée de D1 féminine ne passe sans que des joueuses fassent part d’un manque de considération de la discipline. Et aussi parfois en cas de blessures ou une mauvaise organisation se demandent où sont utilisés les milliers de dollars d’aides de la FIFA destinés au football féminin.

Malgré cette organisation hasardeuse, la situation va presque se reproduire en ce mois de septembre à Maurice avec les U17. Cette fois-ci, pas d’expatriées mais un groupe composé entièrement de joueuses locales. Les contrefaçons Maana Sport sont remplacés par des simples maillots Patrick pour les entraînements et Adidas pour les rencontres.

Enfin sauf le dernier match où les filles portaient des maillots contrefaçons de l’équipementier principal. Le regroupement s’est fait tardivement comme d’habitude à trois jours du départ à Port-Louis. Mais ce qui a attiré l’attention est la composition d’une sélection féminine U17 sans au préalable avoir un championnat féminin de la même catégorie. A l’exception de 2 à 3 joueuses jouant en D1 féminine, le reste du groupe sont des parfaites inconnues.

Absentes dans les compétitions des jeunes ces deux derniers années pour des raisons financières, les Comores effectuent cette année leur retour dans la région. « On a des obligations concernant les compétitions internationales dans toutes catégories. Des seniors, U20, U17 aux U15 hommes et femmes comprises » avait réagi le président Saïd Ali Saïd Athouman en conférence de presse début août. Des obligations loin d’être sportives puisqu’elles permettent de « bénéficier d’une aide de la FIFA ».

Pressée d’utiliser une manne financière, la fédération essaie de relancer toutes les équipes nationales dans des compétitions internationales sans miser en premier sur la formation. Pourquoi la FFC ne réoriente-t-elle pas cette aide à la formation de base ? Pourtant dans les déclarations officielles c’est priorité à la formation des jeunes.

Priorité à l’utilisations des fonds de la FIFA

La capitaine comorienne Anllaouia Hadhirami devant Maurice – Cosafa Women’s U17 2019

Pour comprendre cette politique qui étonne plus d’un, il faut remonter en octobre 2018. Réuni à Kigali, la FIFA a confirmé l’octroi de 6 millions de dollars pour chaque fédération via le programme Forward 2.0 sur un cycle quadriennal. Jusqu’à un million de dollars chaque année et 2 millions de dollars supplémentaires destinés à des projets spécifiques. Sur le million de dollars que peut bénéficier directement chaque fédération membre de la FIFA chaque année, 500 000 dollars sont réservés à des coûts opérationnels. Ces derniers sont soumis à de réalisations spécifiques dont certaines d’entre elles concernent les équipes nationales toutes catégories confondues.

Sur ce domaine, la FIFA prend en charge tous les frais de déplacements à l’extérieur ainsi que l’hébergement. Mais à une condition. Chaque catégorie d’équipe nationale doit disputer au minimum 4 matchs internationaux tous les ans. Les obligations dont faisaient référence Saïd Athouman ne sont d’autres donc que d’ordres financières. Une simple question de quota que la FFC doit respecter.

Relancé sur ce sujet quelques jours plus tard après ses premières déclarations, il a annoncé que ces rencontres sont dors déjà programmés. « Notre directeur financier a déjà programmé toutes ces rencontres au cours de l’année ». Reconnaissant le niveau très faible du football féminin, il poursuit malgré tout qu’ils vont bientôt envoyer des U17 et U15 dans des compétitions internationales. « Meme si nous allons prendre 15 ou 20 buts ». Les résultats catastrophiques des Cœlacanthes U17 à Maurice n’étaient donc pas une surprise. On est donc loin de l’émancipation et l’épanouissement des femmes et des jeunes footballeuses dans la région qu’avait avancé la FFC.

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Fondateur et Rédacteur en chef de Comoros Football 269. Un passionné de football africain et un éternel fan de Young Africans (Yanga). Entre le Taarab qui l'inspire et d’être possédé au moindre lyrics d'un Igwadu, il demeure au moins un Makua de culture Swahili.

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